Slow Burn
C'est quoi le Slow Burn?
Suite à une question posée lors d’une récente discussion avec une autre fan de romance historique, je le suis dit que ce serait une bonne idée de faire un point sur le Slow Burn. Qu’est-ce que c’est ? Est-ce que c’est dangereux ? On peut l’attraper en lisant des Harlequins ? Oui et non, mais ne vous inquiétez pas. Le billet du jour sera consacré à la traduction de cette expression anglo-saxonne : le Slow Burn. C’était une expression pour qualifier un certain type de romances contemporaines. C’est devenu un véritable sous-genre littéraire à lui tout seul. Et vous avez certainement déjà lu un roman de ce genre sans même vous en rendre compte. Voici donc le focus sur le Slow Burn.
Slow Burn : Qu’est-ce que ça veut dire ?
Littéralement, l’expression anglaise slow Burn signifie « combustion lente » ou encore « brûler à petit feu ». Pour les puristes de la langue française prêts à bondir sur leurs bannières anti-anglais, je suis désolée de leur annoncer qu’il n’existe à ce jour aucun équivalent en français. Comme souvent pour les termes littéraires en rapport avec les genres modernes, le Français reste une langue désespérément en retard. Et je ne pense pas qu’on puisse compter sur la célérité de l’Académie Française pour nous concocter une expression avant les cinquante prochaines années !
Malgré la barrière de la langue, et grâce à l’essor de la romance ces trente dernières années en France, l’expression Slow Burn se fait petit à petit une place dans le lexique éditorial tricolore. Il n’est plus si rare de lire la présentation d’un roman par son éditeur et d’y trouver cette expression. Car pour les lectrices averties, c’est une expression désormais assez connue pour faire sens. Et pour les autres, et bien on peut considérer que ça va piquer leur curiosité. La preuve avec cet article !
Oui mais ça consiste en quoi ?
Normalement, le fait d’avoir évoqué la romance a dû vous mettre sur la voie. Non, le Slow Burn n’évoque pas une héroïne brûlée au troisième degré dans l’incendie de son ranch familial. Il s’agit d’un genre de narration dans laquelle une histoire d’amour met longtemps (quasi tout le livre en fait) à se concrétiser.
Le Slow Burn, pour faire simple, c’est l’anti 50 Nuances de Grey. Les personnages se rencontrent. Ils éprouvent une forte attirance. Mais la séduction n’intervient vraiment qu’à la fin du livre. Et tout l’intérêt de l’histoire d’amour, c’est justement l’attente. On pourrait parler de roman d’anticipation… sauf que l’expression est déjà prise par le genre de la Science Fiction !
L’intérêt du Slow Burn, c’est de jouer avec les nerfs des lectrices. Vous savez d’avance que le couple principal de l’histoire va finir ensemble. Mais l’auteur(e) joue avec vous. Il/Elle ne vous donne pas tout de suite ce que vous attendez fébrilement. Et pour vous faire patienter, l’histoire peut même vous lancer sur de fausses pistes.
Un genre à part entière
Au départ, l’expression de Slow Burn est née pour désigner certaines romances contemporaines. Les lectrices anglo-saxonnes utilisaient cette expression pour évoquer des livres qu’elles aimaient, dans lesquels la tension amoureuse était à son comble. Et comme ce type de romances a commencé à plaire à un large lectorat, les maisons d’édition ont récupéré l’expression à leur profit. Au fur et à mesure que le catalogue des romans de type Slow Burn s’étoffait, l’expression est devenue un véritable genre à part entière.
Aujourd’hui, le Slow Burn est un sous-genre de la romance. Et on peut trouver des romans de ce genre dans à peu près tous les types de romances : la romance contemporaine, la comédie romantique, la romance historique, et évidemment la romance érotique. Ce dernier genre se divise d’ailleurs en deux camps de lectrices : celles qui veulent les scènes de sexe dès le début, et celles qui préfèrent patienter jusqu’au paroxysme de l’intrigue. Mesdames et mesdemoiselles : faites vos jeux, rien ne va plus !
Zola faisait déjà du Slow Burn !
Non ce n’est pas une blague ! Même si certains analystes littéraires pourraient froncer les sourcils en me lisant, il y a effectivement des exemples très bigarrés de Slow Burn dans la littérature occidentale. Si vous avez eu la chance de lire Au Bonheur des Dames, d’Emile Zola, vous avez peut-être remarqué que l’histoire coïncide avec les règles du Slow Burn. Le couple se rencontre tôt dans l’histoire. Mais la romance ne se concrétise qu’à la fin… alors même qu’on se doute assez rapidement de l’issu de la relation entre Denise et son patron.
Un autre exemple qui va vous parler nous vient d’Helen Fielding et de la célèbrissime Bridget Jones. Souvenez-vous que le premier roman laissait planer le doute. Bridget et Darcy avaient beau se rencontrer dès le début, la romance n’arrivait que tardivement. Et entre les deux, on avait l’épisode Daniel Cleaver. Et bien on peut là aussi dire qu’il s’agit d’un modèle narratif de type Slow Burn.
Mais mon exemple préféré reste sans hésiter La Douce Caresse d’un vent d’hiver. Ce livre est le troisième tome de la trilogie Snow Crystal, écrite par Sarah Morgan. Et l’histoire suit Tyler et Brenna, deux amis d’enfance qui éprouvent en fait des sentiments beaucoup plus ambigus qu’ils ne veulent bien l’admettre. On voit la romance arriver comme un accident de voiture au ralenti, mais Sarah Morgan prend un malin plaisir à nous balader pendant tout le livre.
Le Slow Burn ça vaut le coup ?
Arrivés à ce point de mon exposé, je vous imagine lever les yeux au ciel en vous posant une question évidente. Mais, puisqu’on sait d’avance que le couple va finir ensemble, quel est l’intérêt du Slow Burn ? Si vous êtes fan des plaisirs différés, le Slow Burn est une lecture vraiment très plaisante. Oui, ça ne change pas grand chose à la fin du livre. Mais l’histoire repose sur une dynamique qui permet d’ajouter une dose de « suspens » (si je puis dire) à la romance. A quel moment finiront-ils ensemble ? Quel sera finalement l’élément déclencheur ?
Surtout, dans un roman de 300 pages environ, si le couple ne se met pas ensemble dès le départ, il faut meubler l’intrigue. Et là, deux possibilités : soit l’auteure est assez bonne pour nourrir son histoire avec d’autres éléments (ce qui est le cas chez Sarah Morgan), soit elle vous embarque dans une valse hésitation qui vous donnera envie de vous taper la tête contre les murs. C’était un peu le cas dans Noël à la librairie des coeurs brisés, où malheureusement Annie Darling n’a pas réussi à attiser la flamme pendant toute la durée de l’histoire.
En résumé, lire une romance de type Slow Burn peut être super fun, à condition de bien choisir son livre. Vous trouverez facilement des romances de ce type, aussi bien du côté des romancières anglo-saxonnes que françaises. Quand l’histoire est parfaitement maîtrisée, ça donne des histoires prenantes avec une tension romantique vraiment bluffante.
J’espère vous avoir donné envie de lire des Slow Burn. D’ailleurs, peut-être que certaines d’entre vous ce sont rendues compte qu’elles en avaient déjà lu ?